Une coalition bourgeoise (Macronistes + NFP), renforcée par un vote communautaire musulman (vial LFI) l’a emporté sur un bloc populaire dit « national » (à tort, puisque le souverainisme a disparu). Il ne sert à rien de s’indigner en dénonçant les manœuvres de second tour car le vote de classe, lui, ne ment pas : lesdites manœuvres ont fortement accentué la victoire du bloc bourgeois, sans plus.
Mais si l’on suppose que les deux blocs sont à peu près à égalité (en nombre de voix), alors le « vote musulman » (plus les habituels « divers », droite, gauche, etc.) serait désormais en mesure de faire pencher la balance ; on le vérifiera quand un vrai parti communautaire (musulman) privera LFI de ces voix de circonstance.
Précisons. La grande et une partie de la moyenne bourgeoisie a voté pour les formations macronistes et LR résiduels ; une autre partie, ainsi que la petite bourgeoisie « progressiste » des métropoles, exerçant des professions dites « intellectuelles », a voté pour le mal nommé front « populaire ».
Le Rassemblement national, dont l’électorat est clairement « populaire » (voir la carte électorale, notamment du premier tour, moins affecté que le second par les combinaisons partisanes) est, avec le PS dans un moindre mesure, le seul parti qui a nettement progressé par rapport aux précédentes élections législatives… tout en restant minoritaire dans le pays : une victoire en forme de défaite.
Reste à rendre compte du travestissement des partis sous des dénominations fantaisistes, voire mensongères ? Les partis de l’oligarchie portent des noms un peu ridicules (En marche, Renaissance, Ensemble, Horizons…), sans doute parce que ce sont des trouvailles d’agences de communication ; en tout cas, ces niaiseries dissimulent mal leur identité (oligarchique) ; quand aux partis de gauche, ils semblent bien avoir renoncé aux suffrages du peuple mais s’affichent toujours « populaires » : alors qu’ils sont plutôt motivés par le « sociétal » (féminisme, écologie, droits des LGBT, wokisme…), ils continuent à tenir un discours social (retraites, pouvoir d’achat, etc.) visant surtout la petite bourgeoisie progressiste déclassée qui peine à « boucler les fins de mois » ; ce discours social parle également à l’électorat musulman (plutôt populaire, en niveau de revenus). Mais ce dernier, étranger au bloc bourgeois en termes d’intérêts de classe, de mœurs, d’opinions et d’habitat (ce qui permet de le situer assez précisement) est appelé à déserter LFI, aussitôt qu’un vrai parti communautaire (musulman) émergera sur la scène politique.
Il reste que ces travestissements sont d’autant plus puérils que les électeurs, eux, savent très bien pour qui et pour quoi ils votent (vote de classe, vote communautaire…). Il savent aussi que les mesures sociales (âge de la retraite, augmentation du SMIC, blocage des prix…) n’ont aucune importance dans un monde où ce ne sont plus les dirigeants politiques, pas même les dirigeants américains qui décident : le blocage des prix peut fort bien entraîner celui des… livraisons (la Hongrie en a fait l’expérience) ou celui du financement de la dette « souveraine »…
Mais l’événement majeur de ce carnaval tardif est passé totalement inaperçu : a savoir la disparition du « souverainisme » dans le paysage politique français, à gauche, comme à droite, puisque le RN se « mélonise » rapidement, i.e. suit la voie du ralliement à l’hégémonie euro-américaine (« occidentale ») empruntée en Italie par Giorgia Meloni.
Pour le coup, le seul parti qui a discrètement triomphé le 7 juillet, c’est le parti de l’étranger. En d’autres termes : le bloc bourgeois, as usual.